Elle a pour sujet essentiel des objets ou des êtres inanimés (fruits, ustensiles, couverts, nappes, fleurs, livres, animaux morts..).
Rien n’évoque le mouvement dans la nature morte.
L’intérêt se trouve alors dans le choix de représenter les objets quotidiens et ainsi affirmer que la beauté est partout. La nature morte a un effet d'ennoblissement du quotidien.
De plus, elle permet au peintre d’exercer tout son talent (manière, style, art de représenter le réel).
La peinture se désolidarise d’une finalité extérieure (illustrer la Bible, la Mythologie, l’Histoire..) tandis que s’affirme la primauté du geste de l’artiste.
On s’intéresse à la façon de montrer, de dé-montrer (reproduire la transparence du verre, les matières, les drapés, le nuances d’un fruit..).
Une nature morte est une composition combinant jeux d’ombres, formes, couleurs, effets de matières sur des objets possédant une symbolique (étoffe=richesse, crâne=mort, pomme=amour, balance=justice, Jugement dernier...).
Le rapport au temps est à prendre en compte également, la façon dont l’artiste fixe le temps sur les objets.
Les quelques questions à se poser devant une nature morte:
- Quels sont les objets représentés? Quelles matières?
- Où les objets ou sujets sont représentés?
- De quelle manière?
- Qu'évoquent-ils?
- Quels effets produisent-ils? Pourquoi?
- Y a-t-il un texte de légende ou d’accompagnement? Un texte à l’intérieur de l’image?
- Quel est le thème évoqué? Le message éventuel?
- Quelles sont les intentions de l’auteur? Que veut-il prouver ou montrer?
- Quels sont les éléments situés au premier plan? Au second plan? Quels sont les éléments les plus mis en valeur?
Au XVII et XVIIIème siècle, la nature morte a toujours était reléguée au rang le plus inférieur des hiérarchies académiques.
Cependant, elle est un genre particulier qui permet d'entre voir les techniques picturales, les modes, les us et les coutumes d’une région ou d’une classe sociale.
Outre le témoignage historique, elle a également une forte valeur symbolique, à la fois religieuse et morale.
Les natures mortes sont représentatives de la dimension finie et éphémère de la vie humaine, avec son lot de vanités (pouvoir, richesses, orgueil, puissance...).
Les Hollandais s’illustrent par leur compositions monochromes (Willem Claesz Heda (vers 1594 - 1682) et Pieter Claesz (1597 - 1661)).
Avec l’impressionnisme et Monet, on voit apparaître des natures mortes d’une forte intensité, c’est une explosion chromatique, un hommage rendu à la vitalité de la nature (Nature morte, poires et raisins, Les rougets, Nature morte au melon et pêche, Les chrysanthèmes).
Cézanne paraît beaucoup plus austère à côté avec sa recherche de conciliation de l’impressionnisme et du classique, sa recherche d’équilibre et de stabilité. Il représente l’impression produite par l’objet mais en donnant une consistance à cet objet (Nature morte, noire et blanche, Tasse, verre et fruit, Vase de fleur, Le vase bleu, La table de cuisine, Pommes et oranges).
Les natures mortes sont privilégiées par les peintres du cubisme de part leur fixité qui permet une étude longue et minutieuse.
Picasso représente des objets de la vie courante, par collage de papier peint ou de journal, entre autres (Nature morte à la chaise cannée, 1912, Bouteille de vieux marc, verre et journal, 1913, Violon et guitare, 1912).
Fernand Léger, très influencé par le style de Cézanne, compose des natures mortes se rapprochant progressivement de l’abstraction (couleurs chaudes, cylindres ou formes géométriques).
(Contraste de formes, Nature morte au livre, 1913).
Le surréalisme de Marcel Duchamp consiste à élever l’objet lui-même en tant qu’oeuvre d’art et non de simplement le représenter sur une toile. Ce sont les ready-made (à l’origine ils sont une sorte de provocation plutôt humoristique).
Duchamp rejette tout le travail de l’exécution qui reposait traditionnellement sur un savoir-faire artistique.
Cependant, le ready-made affirme l’importance et la valeur de l’idée dans la création artistique et va entrainer de nombreuses interrogations fondamentales concernant la réception d’une oeuvre par le public.
Duchamp oblige la réflexion sur la nature de l’art et ses productions.
Si tout est art, qu’est ce qui fait la spécificité du geste créateur?
Il critique, provoque par là même, les institutions et les musées qui érigent en oeuvre d’art un objet quelque soit sa valeur esthétique.
Dali représente des objets en modifiant la perception naturelle que l’on peut en avoir. Il ne cherche pas à copier le réel mais plutôt à créer un monde qui n'existe pas, où l’objet ne rassure plus par son sentiment de familiarité au spectateur mais intrigue et conduit à s’interroger.
Hans Bellmer introduit des mannequins dans ses natures mortes qu’il place dans des espaces naturels. Ainsi les limites entre animé et inanimé ne sont pas aisées à fixer.
Vasarely et son cinétisme ont influencé les publicitaires avec des formes et des couleurs qui créent des effets vifs et forts sur la perception du spectateur.
Le regard peut voir les oeuvres de différentes façon grâce aux formes géométriques mises en perspective qui donnent un impression de volume.
Il ne cherche pas à représenter des objets réels mais plutôt à troubler la perception et à donner une impression de mouvement et de dynamisme à des compositions fixes par définition.
(Ambigu, 1969).
La publicité:
Ethymologiquement, la publicité sert à rendre public quelque chose.
La publicité cherche à mettre en valeur des produits en se servant de l’image, du son et du texte.
La publicité peut s’apparenter à la nature morte dans le sens où elle représente souvent des objets photographiés qui composent une sorte de tableau. Cependant la publicité cherche à faire acheter et non à susciter une réflexion. Elle cherche tout de même à produire des associations de pensées, de provoquer une émotion mais uniquement vis-à-vis du produit ou service, pour séduire, convaincre, vendre.
L’image est un message visuel qui est perçu globalement et rapidement, qui est universel. Elle semble reproduire le réel et donne une impression de vérité dont il faut se méfier.
Il faut savoir décoder l’image, pas seulement dire ce qu’il y a dessus (description) mais aussi comprendre ce que cela signifie (interprétation).
Les quelques questions (supplémentaires) à se poser devant une publicité:
- Quels sont les procédés mis en oeuvre pour persuader (procédés rhétoriques, poétiques et graphiques, tons, connivence avec le public)?
- Quelles sont les promesses que semble offrir le produit?